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Page:Paris - François Villon, 1901.djvu/72

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FRANÇOIS VILLON.

Il avait hâte de revoir son « plus que père », et sa mère, et, peut-être, sa « chère Rose », et tous ses amis. Il se proposait sans doute, comme on le voit par la ballade composée dans sa prison, de mener une existence plus réglée et de travailler à devenir « homme de valeur » ; mais il entrevoyait aussi avec une joyeuse anticipation le retour à ses anciens plaisirs et aux compagnies dont il avait tant joui.

Il ne pouvait toutefois s’aventurer à Paris avec pleine sécurité. La grâce de Louis XI embrassait vraisemblablement, en une de ces formules générales qu’on trouve souvent dans les lettres de rémission, outre le fait spécial pour lequel Villon avait été emprisonné à Meun, tous ses délits antérieurs, en tant qu’ils étaient spécifiés dans la requête du suppliant (et dans le nombre était sans doute le vol du collège de Navarre). Mais Villon les avait-il tous énumérés ? On peut en douter, et dès lors il pouvait craindre qu’il ne surgît contre lui quelque nouvelle accusation. Aussi, après avoir fait dans la capitale une courte apparition, jugea-t-il prudent de ne pas trop se montrer : il s’éloigna vite de Paris et alla écrire le Testament dans quelque retraite obscure[1].

C’est ce que nous montre l’expression qu’il emploie à propos de prétendus renseignements qu’il aurait recueillis sur les trois « orphelins » auxquels il avait fait un legs dans son premier poème :

Item, j’ai seu a ce voyage
Que mes trois povres orphelins
Sont creus et deviennent en aage.

  1. On a conjecturé que ce fut à Saint-Généroux, près de ses gentilles amies poitevines, et cela est assez plausible.