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Page:Parny - Poésies érotiques, 1778.djvu/24

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SOUVENIR.


Déjà la nuit s’avance, & du sombre Orient
Ses voiles par dégrés dans les airs se déploient.
Sommeil, doux abandon, image du néant,
Des maux de l’existence heureux délassement,
Tranquille oubli des soins où les hommes se noient ;
Et vous, qui nous rendez à nos plaisirs passés,
Touchante illusion, Déesse des mensonges,
Venez dans mon azile, & sur mes yeux lassés
Secouez les pavots & les aimables songes.
Voici l’heure où trompant les surveillans jaloux,
Je pressois dans mes bras ma maîtresse timide.
Voici l’alcove sombre où d’une aîle rapide
L’essain des voluptés voloit au rendez-vous.
Voici le lit commode où l’heureuse licence
Remplaçoit par dégrés la mourante pudeur.
Importune vertu, fable de notre enfance,