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Page:Pascal - L’Endymion, 1657.pdf/32

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ACTE II.

Afin d’eſpouuanter cette race d’enfer.
I’en vois deſia fuir, ô Dieux quelle foibleſſe !
Armons nous ſeulement d’vn peu de hardieſſe :
Ils quittent tous ces lieux, & fremiſſent de peur,
Par la ſeule clarté de cet Aſtre trompeur,
D’vn fer vn peu brillant ils craignent la lumiere ;
Tous ſe vont retirer dans leur place premiere :
Ils ne paroiſſent plus, ie ſuis hors de danger ;
Mon ame, maintenant il ne faut plus ſonger
Ce que ſignifioient ces viſions funebres :
Attendant que le iour diſſipe les tenebres,
Flechiſſons les genoux parmy ces ſacrez lieux,
Et ſupplions le Ciel qu’il eſcoute nos vœux.
Ha ! Dieux, quel bruit confus vient frapper mes oreilles,[illisible]
Mon cœur gouſte deſia des douceurs nompareilles :
Quoy ne ſeroit ce point quelque commencement
Des effets merueilleux de cet enchantement ?
Mais Dieux ! quel hurlement, quelle horrible tempeſte,[illisible]
Quel foudre, iuſtes Cieux, vient eſcraſer ma teſte ?
Enfin que ferons nous pour noſtre reconfort,
Il nous faut preparer à receuoir la mort.
Ah ! quel enchantement, quelle horrible furie !
Iſmene que ton art eſt plein de tromperie :
Viens donc me ſecourir, comme tu m’as promis,
Dans les extremitez, où tu me vois ſoûmis.
Ha ! bons Dieux ſoubs mes pieds ie ſens trembler la terre.[illisible]
Ie n’attends que la mort par vn coup de tonnerre.
He ! mais quel changement, ie vois tout appaiſer,
Ie n’entends plus de bruit, tout ſe vient diſpoſer
A remettre mes ſens de leur mortelle crainte,
A changer les couleurs dont ma face eſtoit peinte :
Et ie ſens que deſia la douceur des Zephirs
Permettent à mon cœur de pouſſer des ſoupirs ;