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Page:Pascal - Pensées, éd. Havet.djvu/184

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106
PASCAL. — PENSÉES.
43.

Condition de l’homme : inconstance, ennui, inquiétude.


Qui voudra connaître à plein la vanité de l’homme[1] n’a qu’à considérer les causes et les effets de l’amour. La cause en est « un je ne sais quoi » (CorneilleErreur de référence : Balise <ref> incorrecte : les références sans nom doivent avoir un contenu.) ; et les effets en sont effroyables. Ce je ne sais quoi, si peu de chose qu’on ne peut le reconnaître, remue toute la terre, les princes, les armées, le monde entier. Le nez de Cléopâtre[2], s’il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé.

44.

César était trop vieilErreur de référence : Balise <ref> incorrecte : les références sans nom doivent avoir un contenu., ce me semble, pour s’aller amuser à conquérir le monde. Cet amusement était bon à Auguste[3]


^ « Un je ne sais quoi. (Corneille). » Rodogune, 1, S : Il est des nœuds secrets, il est des sympathies, Dont par le doux rapport (c’est-à-dire par le doux rapport desquelles)

Dont par le doux rapport les âii.e ? assorties S’attachent l’une à l’autre, et se laissent piquer Par ces je ne sais quoi qu’on ne peut expliquer.

De même dans Médée, II, 6 :

Souventye ne sais quoi qu’on ne petit exprimer Xous surprend, nous emporte, et nous force d’aimer.

Le fond de cette pensée se retrouve plusieurs fois dans Corneille.


« César était trop vieil. » Montaigne, II, 34, p. 32 : « Je le trouve « un peu plus retenu et considéré en ses entreprinses qu’Alexandre, car V cettuy-cy semble rechercher et courir à force les dangiers… : aussi estoit-il embesongné en la fleur et première chaleur de son aage, là où » César s’y print estant desia meur et bien advancé. » — La Bruyère a combattu cette pensée, au chapitre des Jugements : « César n’était point trop » vieux pour penser à la conquête de l’univers, « etc.

  1. « La vanité. » C’est-à-dire le néant, le vide, comme on l’a déjà vu en plusieurs endroits.
  2. « Le nez de Cléopâtre. » P. R. a mis : Si le nez de Cléopâtre eût été, etc ; mais ce tour régulier est trop grave pour cette boutade.
  3. « Auguste. » Supprimé dans P. R., probablement parce qu’Auguste n’a pas été ce qu’on appelle un conquérant : mais il n’avait que vingt ans quand il partagea avec Antoine et Lépide la domination de l’empire romain, qui était l’empire du monde ; il n’en avait que trente-deux quand, par la bataille d’Actium, il resta seul maître de tout.