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Page:Pascal - Pensées, 2e édition G. Desprez, 1670.djvu/107

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[§] Toute la conduite des choses doit avoir pour objet l’établissement et la grandeur de la Religion : les hommes doivent avoir en eux-mêmes des sentiments conformes à ce qu’elle nous enseigne : et enfin elle doit être tellement l’objet et le centre où toutes choses tendent, que qui en saura les principe puisse rendre raison et de toute la nature de l’homme en particulier, et de toute la conduite du monde en général.

Sur ce fondement les impies prennent lieu de blasphémer la Religion Chrétienne, parce qu’ils la connaissent mal. Ils s’imaginent qu’elle consiste simplement en l’adoration d’un Dieu considéré comme grand, puissant, et éternel ; ce qui est proprement le Déisme presque aussi éloigné de la Religion Chrétienne que l’Athéisme qui y est tout à fait contraire. Et de là ils concluent que cette Religion n’est pas véritable ; parce que si elle l’était il faudrait que Dieu se manifestât aux hommes par des preuves si sensibles qu’il fût impossible