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Page:Pascal - Pensées, 2e édition G. Desprez, 1670.djvu/244

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du le vrai bien, tout également peut lui paraître tel, jusqu’à sa destruction propre, toute contraire qu’elle est à la raison et à la nature tout ensemble.

Les uns ont cherché la félicité dans l’autorité, les autres dans les curiosités et dans les sciences, les autres dans les voluptés. Ces trois concupiscences ont fait trois sectes, et ceux qu’on appelle Philosophes n’ont fait effectivement que suivre une des trois. Ceux qui en ont le plus approché ont considéré, qu’il est nécessaire que le bien universel que tous les hommes désirent, et où tous doivent avoir part, ne soit dans aucune des choses particulières qui ne peuvent être possédées que par un seul, et qui étant partagées affligent plus leur possesseur par le manque de la partie qu’il n’a pas, qu’elles ne le contentent par la jouissance de celle qui lui appartient. Ils ont compris que le vrai bien devait être tel que tous pussent le posséder à la fois sans diminution, et sans envie, et que per-