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Page:Pascal - Pensées, 2e édition G. Desprez, 1670.djvu/267

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XXV.

Faiblesse de l’homme.



Ce qui m’étonne le plus est de voir que tout le monde n’est pas étonné de sa faiblesse. On agit sérieusement, et chacun suit sa condition ; non pas parce qu’il est bon en effet de la suivre, puisque la mode en est ; mais comme si chacun savait certainement où est la raison et la justice. On se trouve déçu à toute heure, et par une plaisante humilité on croit que c’est sa faute, et non pas celle de l’art qu’on se vante toujours d’avoir. Il est bon qu’il y ait beaucoup de ces gens là au monde ; afin de montrer que l’homme est bien capable des plus extravagantes opinions, puisqu’il est capable de croire qu’il n’est pas dans cette faiblesse naturelle et inévitable, et qu’il est au contraire dans la sagesse naturelle.

[§] La faiblesse de la raison de l’homme paraît bien davantage en ceux