Aller au contenu

Page:Pascal - Pensées, 2e édition G. Desprez, 1670.djvu/275

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne fasse passer pour une fausse impression, soit de l’instruction, soit des sens. Parce, dit-on, que vous avez cru dès l’enfance qu’un coffre était vide lorsque vous n’y voyiez rien, vous avez cru le vide possible : c’est une illusion de vos sens fortifiée par la coutume, qu’il faut que la science corrige. Et les autres disent au contraire : parce qu’on vous a dit dans l’école, qu’il n’y a point de vide, on a corrompu votre sens commun qui le comprenait si nettement avant cette mauvaise impression, qu’il faut corriger en recourant à votre première nature. Qui a donc trompé, les sens, ou l’instruction ?

[§] Toutes les occupations des hommes sont à avoir du bien ; et le titre par lequel ils le possèdent n’est dans son origine que la fantaisie de ceux qui ont fait les lois. Ils n’ont aussi aucune force pour le posséder sûrement : mille accidents le leur ravissent. Il en est de même de la science : la maladie nous l’ôte.

[§] L’homme n’est donc qu’un su-