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Page:Pascal - Pensées, 2e édition G. Desprez, 1670.djvu/326

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stin. Mais quand on commence à résister, et à marcher en s’éloignant, on souffre bien ; le lien s’étend, et endure toute la violence ; et ce lien est notre propre corps, qui ne se rompt qu’à la mort. Notre Seigneur a dit, que depuis la venue de Jean Baptiste, c’est-à-dire, depuis son avènement dans chaque fidèle, le Royaume de Dieu souffre violence, et que les violents le ravissent. Avant que l’on soit touché, on n’a que le poids de sa concupiscence, qui porte à la terre. Quand Dieu attire en haut, ces deux efforts contraires font cette violence que Dieu seul peut faire surmonter. Mais nous pouvons tout, dit St Léon, avec celui sans lequel nous ne pouvons rien. Il faut donc se résoudre à souffrir cette guerre toute sa vie ; car il n’y a point ici de paix. Jésus-Christ est venu apporter le couteau, et non pas la paix. Mais néanmoins il faut avouer, que comme l’Écriture dit, que la sagesse des hommes n’est que folie devant Dieu, aussi on peut dire que cette