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Page:Pascal - Pensées, 2e édition G. Desprez, 1670.djvu/85

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sion pour ceux qui gémissent sincèrement dans ce doute, qui le regardent comme le dernier des malheurs, et qui n’épargnant rien pour en sortir font de cette recherche leur principale et leur plus sérieuse occupation. Mais pour ceux qui passent leur vie sans penser à cette dernière fin de la vie, et qui par cette seule raison, qu’ils ne trouvent pas en eux-mêmes des lumières qui les persuadent, négligent d’en chercher ailleurs, et d’examiner à fond si cette opinion est de celles que le peuple reçoit par une simplicité crédule, ou de celles qui quoiqu’obscures d’elles-mêmes ont néanmoins un fondement très solide, je les considère d’une manière toute différente. Cette négligence en une affaire où il s’agit d’eux-mêmes, de leur éternité, de leur tout, m’irrite plus qu’elle ne m’attendrit ; elle m’étonne et m’épouvante ; c’est un monstre pour moi. Je ne dis pas ceci par le zèle pieux d’une dévotion spirituelle. Je prétends au contraire que l’amour propre, que l’intérêt hu-