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Page:Paté - À Molière, 1876.djvu/17

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« Comment peux-tu garder une âme si vaillante
Dans les rigueurs de l’âge et dans ta pauvreté ?
Jeune, je sens déjà la mienne défaillante
À l’aspect des laideurs que masque la beauté !

« Où donc as-tu trouvé des vieillards comme Horace,
Et ce parler plus fier que la langue des dieux ?
Fais-moi vivre au milieu des héros de ta race,
(Car, s’ils n’étaient tes fils, ils seraient tes aïeux !)

« Fais-moi donc rencontrer ton Cid et ta Chimène,
Et d’un si tendre hymen admirer le flambeau !
Quels cieux t’ont départi ta grandeur plus qu’humaine ?
De quel pays viens-tu, que l’homme y soit si beau ?

— Les hommes que j’ai vus ne vivent qu’en moi-même,
Répondait le vieillard, frileux dans son pourpoint ;
De les chercher ailleurs ton erreur est extrême :
Trouve-les dans ton âme, ou ne les cherche point.