Aller au contenu

Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
144
L’ÉGLISE SAINT-LEU

d’ossements — il y avait même un squelette intact — que l’on a portés aux catacombes ; du reste, tout le cœur de Paris, à commencer par le Charnier des Innocents et par les couvents qui couvraient alors cette partie de la capitale, n’était pour ainsi dire qu’un vaste cimetière.

C’est dans l’église Saint-Leu, d’ailleurs, que Marie Deslandes, la femme du président Chrétien Lamoignon, fut enterrée en secret par les pauvres de la paroisse, qui ne voulaient pas que le corps de celle qu’ils appelaient leur bienfaitrice, fût inhumé dans l’église des Récollets.

Un bas-relief du tombeau de la bonne dame représente cet étrange enlèvement.

Drôle d’époque, tout de même, ou le clergé, la magistrature et toutes les classes dirigeantes étaient parvenus, suivant leur désir, a abrutir complètement le pauvre peuple et a lui faire accomplir chaque jour des crimes horribles : telle la mort de ce pauvre soldat de la rue aux Ours, brûlé vif, à la grande joie d’une populace, ivre de fanatisme, d’ignorance, de superstition et de misère. C’était le moyen justement de leur faire oublier leur misère, à tous ces manants, que ces spectacles de haut goût, renouvelés des époques les plus sanguinaires de l’Empire romain…

En attendant, M. le curé de l’église Saint-Leu (ou Saint-Loup) et Saint-Gilles, rendez-nous le