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Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/197

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LA SALLE MONTESQUIEU

on ne croit plus qu’au veau d’or, en fait de veau, j’aimais mieux les… de mon temps.

— Chut !

— Vous avez raison.

Et le vieux me salua très poliment en ajoutant en manière de conclusion :

— Ça ne fait rien, on s’est rudement amusé dans cette salle pendant vingt-cinq ans !

Les jours où il n’y avait pas bal, on donnait à la salle Montesquieu des séances de lutte qui ont fait courir tout Paris de 1843 à 1850 environ. La boxe française, introduisant la savate dans son jeu, ne devait pas tarder à enfoncer la boxe anglaise, et le célèbre lutteur Leboucher tenait haut et ferme le drapeau de la boxe nationale, rue Montesquieu, à la grande joie des badauds du temps. Il avait bien aussi les trois couleurs, ce drapeau de la boxe, car après avoir reçu beaucoup de bleus, les vaincus s’en allaient pâles, très blancs et couverts d’un beau sang rouge ! Seuls les Anglais riaient jaune et en étaient verts de rage, ce qui leur faisait tout voir en noir !

Bals, concerts et luttes se succédaient avec entrain jusque dans les premières années de l’Empire, dans cette jolie salle qui d’ailleurs n’a guère été modifiée depuis, lorsqu’en 1855, pour la