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Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/21

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préface

L’un d’eux, qui avait été zéphyr en Afrique et se piquait de connaître son continent noir, voulait absolument donner le nom de Vibert-Ville au chalet-de-nécessité, entouré des montagnes de choux et autres légumes, où j’avais failli trouver la mort.

Je refusai naturellement avec énergie ce procédé par trop expéditif, blessant d’ailleurs profondément ma modestie.

— Bast, me dit-il, rien n’y manque ; le chalet représente la case du chef et les légumes empilés la forêt vierge ; vos scrupules vous honorent, mais vous êtes vraiment trop naïf ; moi, qui vous parle, allez, j’en connais plus d’un qui n’ont jamais mis les pieds en Afrique et qui cependant ont collé sur les cartes leurs noms à des villes imaginaires où il n’y a rien que le désert, l’implacable désert. Vous ne connaissez donc pas la puissance de la réclame ? Vibert-Ville, je vous assure que ça ferait très bien dans le tableau.

Et je dus payer une seconde tournée pour noyer à jamais sa trop bienveillante et malencontreuse idée.

Telle quelle voilà, chers lecteurs et chères lectrices, aimables compatriotes et concitoyens, la relation fidèle de mon voyage d’exploration dans le premier arrondissement.