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Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/274

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Mon berceau

Avec ce procédé si simple, messieurs du Conseil municipal et vous, monsieur le Préfet de la Seine, croyez-moi, vous instruirez notre brave jeunesse parisienne, vous lui apprendrez le culte des grands hommes, vous lui ferez sucer en venant au monde l’amour de la patrie, à son insu, en courant le matin à l’atelier ou à l’école et cela vaudra infiniment mieux, sera infiniment plus pratique et plus patriotique que d’exalter le nom d’un philosophe prussien ou d’un marchand de moutarde, dont le seul titre est d’être devenu millionnaire sur le dos de ses malheureux ouvriers, qu’il a fait turbiner toute leur vie comme des nègres, pour arriver plus promptement à l’édification de sa scandaleuse fortune[1].

  1. La présente chronique a paru dans le Premier Arrondissement, le 11 décembre 1892, et je suis fort heureux de pouvoir ici remercier publiquement le Conseil municipal de Paris d’avoir bien voulu s’en souvenir, en appliquant mes idées, dans sa mémorable séance du 22 février 1893.

    Du reste, pour l’édification de mes lecteurs, voici un extrait de la discussion, qu’ils pourront retrouver à la page 393 du Bulletin municipal officiel, portant la date du jeudi 23 février 1893 :

    M. Patense, rapporteur. — En terminant. Messieurs, nous devons aussi rappeler des propositions de nos collègues MM. Maurice Binder et Lampué, dont nous n’avons pas été saisis, mais qui nous ont paru heureuses et que nous voudrions voir appliquer le plus possible.

    Nos collègues demandent que, au-dessous du nom, les plaques portent les titres, la profession, ou une indication s’il s’agit d’un nom de ville de bataille, etc. Cela serait un très bon enseignement pour les jeunes gens, et que de noms qui, dépourvus des titres et qualités de leur patron, perdent ainsi tout intérêt pour la population !

    Nous invitons l’Administration à examiner cette proposition et à l’appliquer chaque fois que cela sera possible.

    Voici quelques exemples qui nous paraissent très applicables :

    JUNOT
    Général français
    1771-1813

    CHARLES ROBIN
    Médecin français
    Membre de l’Institut