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Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/294

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mon berceau

CONTE DE NOËL


HISTOIRE VÉRIDIQUE — LA MISÈRE AUTOUR DES HALLES — LES PÉRÉGRINATIONS DE LA « COMÈTE » — TERRIBLE DÉNOUMENT PROVOQUÉ PAR LE DÉNUMENT.

Dans une pauvre mansarde, au sixième étage, sous les toits, dans une des vieilles rues étroites qui avoisinent les Halles, vivaient pendant le grand hiver de 1879, une misérable famille d’ouvriers. Le père, homme de peine, gagnait difficilement sa vie en travaillant chez un commissionnaire du voisinage, et la femme, qui faisait des ménages, était malade, couchée, sur le point d’accoucher de son quatrième gosse.

Enfin le moment de la délivrance est arrivé ; trois jours avant la fête de Noël, elle met au monde un enfant mort et reste mourante sur son grabat, dans la chambre glacée, tandis que Paris est enseveli sous un linceul de neige, qui amortit et éteint tous les bruits qui d’ordinaire montent des halles, cette grande fourmilière humaine.

Le médecin des morts fait sa constatation d’un air distrait, une voisine soigne comme elle peut, misérable aussi, la moribonde et met le petit cadavre dans la comète que le croque-mort apporte le lendemain matin sous son bras.