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Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/296

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mon berceau

un brin. — Et sur la place, en face la mairie du treizième, au coin d’une rue, on prend un verre chez le mastroquet.

Le poële chauffe, les nerfs se détendent, les hommes respirent, et tandis que le sang circule plus librement le croque-mort fume béatement Joséphine.

— Tiens, je vais en faire autant dit le père. Garçon, une tournée.

Il est à peine 9 heures et demie du matin, jusqu’à midi on a bien le temps. Le croque-mort dépose la comète dans un coin obscur, sous la table, et propose une partie de piquet, histoire de se donner le temps de se réchauffer un peu.

— Ça y est.

Et tranquillement les deux hommes jouent et boivent une tournée, à chaque partie perdue par l’un d’eux : Y pas d’erreur, un homme franc comme l’osier doit payer quand il a perdu, et puis le trimballeur des refroidis est un si brave compagnon !

À la nuit tombante les deux hommes, gris comme de simples sujets du Czar, sortent de l’estaminet, se serrent la main avec effusion et rentrent chacun chez eux.

La route est longue, la bise est dure, le pauvre