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Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/404

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Mon berceau

BUDGET, peu d’années après, entré au conseil municipal avec 10 000 francs de dettes et dix ouvriers sous mes ordres, aujourd’hui, moi aussi, je suis millionnaire, je possède des maisons dans tous les coins de Paris, je commande à 300 ouvriers, et que le diable m’emporte ! il me faudrait bien trois bons bougres de becs pour commander à toute cette vermine. »

La providence, dans sa bonté divine — je dis cela pour ceux à qui ça fait plaisir — ou le hasard, si vous aimez mieux, l’ont servi à souhait car la légende dit que l’enfant chéri de l’administration a trouvé, un beau matin, devant sa porte, les trois becs tant désirés. Il a de plus trouvé, fort à propos, un morceau de cimetière à acheter, ce qui est toujours une bonne fortune, car la terre y est excellente, et l’on assure qu’aujourd’hui son bonheur est sans mélange.

Et voilà pourquoi votre fille est muette… Non, pourquoi les chalets de nécessité sont à dix centimes et non plus à cinq ; et dire qu’il se trouve encore des gens grincheux pour regretter qu’il soit permis aux conseillers municipaux de se livrer à ces bons petits commerces, si lucratifs et si faciles sur le dos des contribuables.