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Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/409

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LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE

meubles qui étaient un danger permanent pour nos précieuses collections.

Il y avait un restaurant à trente-deux sous, du commerce, par conséquent beaucoup de fourneaux et de cheminées en pleine opération, comme disent les Canadiens, et l’on ne songeait pas sans frémir à l’incendie, au terrible incendie qui pouvait, en une belle nuit, détruire la Bibliothèque, comme il avait détruit l’Opéra.

Les bibliothèques de province, comme celle de Troyes, par exemple, s’isolaient bien, il n’était point tolérable que celle de Paris ne s’isolât pas de même.

Enfin la voix de la presse fut entendue, les immeubles furent achetés et démolis et… tout fut dit.

Oui, tout fut dit et voilà vraiment ce qui dépasse tout ce que l’imagination peut rêver ; comment, tout le monde sait que la place manque à la Bibliothèque, que les volumes étouffent, que les brochures gémissent pendant des mois avant d’être classées, que les journaux et les revues sont empilés par millions dans des greniers impraticables, que les recherches pour les érudits, les savants, les travailleurs ou simplement les curieux sont impossibles à cause de ce stage interminable, désastreux et inévitable des derniers venus et