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Page:Paul Vibert - Mon berceau, 1893.djvu/43

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Le palais de la pensée

écrite, celui-ci la pensée parlée. Verba volant, scripta manent, dit le vieil adage latin, et bientôt, grâce à la toile d’araignée immense et sans fin dont la science est en train de couvrir le monde, grâce aux fils qui courent le long des chemins de fer, fuyant devant les yeux avec la décevante rapidité des horizons mouvants, ou plongent au fond des mers, la pensée parlée, avant courrière de la pensée écrite, circulera à travers les continents et, d’un bond, franchira les océans.

Pour moi, je ne sais rien de plus suggestif, de plus empoignant que cet Hôtel central des téléphones qui est depuis peu de temps l’une des merveilles du premier arrondissement, pour ne pas dire du monde entier.

Je vois déjà cette étonnante machine fonctionnant avec le fouillis inextricable des fils, avec les grands disques de cuivre, rappelant la pierre du soleil des Incas, avec les boutons d’appel, les sonneries impératives et multiples, avec sa population jeune, vivante et active d’employées laborieuses et attentives.

— Allô, allô ! et tandis que le banquier donne ses ordres, que le ministre parle à un préfet ou que le commerçant traite une affaire importante, la petite main impatiente coupe la communication ; — allô, allô, mademoiselle !

Et des bouffées de rires frais et perlés, nous