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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/108

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mes rentes, je suis auvergnat d’origine, né à Genève, de parents protestants proscrits et j’ai toujours vécu au milieu de camarades juifs levantins, de plus je suis statisticien, comme j’ai eu l’honneur de vous le dire, c’est pourquoi j’ai, tout à la fois, toutes les qualités des auvergnats, des Génevois, des israélites et des Levantins.

D’ailleurs ne m’avez-vous pas dit vous-même que pour mener un train respectable, il fallait seize millions de rentes.

— C’est exact.

— Eh bien, comme je n’en ai guère que 40 000, voilà pourquoi je suis un statisticien économe et intelligent, permettez-moi de le dire.

— À demain.

— À demain.

À heure fixe, mon homme qui commençait à m’intéresser, m’attendait avec quelques petits carnets sous le bras.

— Voilà mes petits tableaux et voilà comment je procède. J’ai quarante ans, bon pied, bon œil, tous mes ancêtres sont morts entre quatre-vingts et quatre-vingt-dix ans. Je compte donc que je puis vivre encore quarante ans et je base mes calculs là dessus. Suivez bien mon raisonnement ; je vous fais grâce des tableaux, quelques exemples suffiront pour me faire comprendre d’un économiste habitué à ces questions.

— Je vous écoute.

— Vous le voyez, je fume beaucoup ; jamais je n’use une allumette. Dans les villes j’entre dans