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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/170

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tant la langue contre le palais, puisqu’il ne pouvait pas se frotter autre chose : « Je suis tout de même un heureux mortel », et il avait envoyé à ses vieux parents 791 francs pour jouer à la Banca-loto et tâcher ainsi de faire fortune en gagnant le gros lot. Mais comme il avait pris les goûts américains, il avait l’habitude d’absorber beaucoup de boissons glacées en mangeant, son chirurgien extraordinaire fut réduit à lui enlever l’estomac et à le remplacer par une membrane en caoutchouc vulcanisé. Au contraire de ce qui arrive si souvent en Europe, l’opération réussit admirablement et à peine guéri, il s’écriait plus joyeusement que jamais : « Ça va bien, comme cela je puis tout digérer, manger de tout, et je n’ai plus besoin de me purger, un simple lavage suffit. »

Mais le malheureux n’était pas au bout de ses peines. Il ne tarda pas à être atteint de la maladie, à la mode, l’appendicite ; alors son chirurgien extraordinaire lui enleva la fâcheuse membrane et une fois rétabli, il put s’écrier gaîment : « Enfin cette fois, me voilà encore débarrassé d’une inquiétude ; maintenant que je n’ai plus ce sujet de crainte, tout va bien ! »

Mais trois ans plus tard, il eut pendant l’hiver, les oreilles gelées et son médecin dut lui en faire l’ablation et avant même d’être guéri, il pouvait s’écrier heureusement : « Maintenant me voilà bien tranquille ; car je n’aurai plus la puce à l’oreille, comme cela m’arrivait trop souvent. »

Quelques mois après, une violente attaque de