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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/186

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fermais ici ma parenthèse, je serais incomplet et je ne dirais que la moitié de la vérité. En effet la vérité vraie, c’est que non-seulement les États-Unis possèdent d’incomparables monstres, de surprenantes anomalies humaines, mais aussi toutes les fantaisies aimables, spirituelles et inattendues de la nature, en débauche de nouveautés, tantôt charmantes, tantôt stupéfiantes.

Sur ce, j’arrive donc dans cette ville immense (voyez musique de Gounod) c’est-à-dire à Chicago, dans l’Illinois, je laisse le lac Michigan à gauche et je n’enfonce dans un vrai bourg qui n’est cependant qu’un faubourg de la grande cité — ah ! bizarrerie de la langue ! — pour vous faire entrer dans la modeste et coquette maison de John Mac-Ferlan, irlandais d’origine et forgeron de profession et de son épouse Lilite Pomadour, jeune et jolie noire pur sang, dont les grands-parents étaient originaires de la Louisiane, du temps de la domination française. Même à l’heure présente elle a encore un frère établi coiffeur à Bâton-Rouge.

Lui, le mari, est un beau grand diable blond ardent, flavescent même comme une moisson moutonnante sous l’ardent soleil de messidor !

Elle, jolie, avec des attaches fines et des mains effilées, des pieds d’enfants, est noire comme de l’ébène, noire comme Érèbe lui-même, fils du Chaos et de la Nuit…

Et cet heureux couple qui s’adore et qui possède la santé du corps et celle de l’esprit, que l’on