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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/198

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Donc, dans une petite salle intermédiaire du premier étage — je la vois encore — sous une vitrine, on pouvait contempler un homme en cire qui avait le ventre tout vert et une pancarte vous expliquait que c’était là l’effet d’une peur aussi subite que foudroyante, quelque chose de terrible, comme lorsqu’on voit la mort en face.

On sait également que lorsqu’on se trouve sous l’influence d’une peur intense ou que l’on éprouve une formidable émotion, on peut blanchir de cheveux et de barbe en cinq minutes — j’allais dire en cinq secs ! C’est ce que les Italiens appellent fort justement la canitie subite. Il paraît certain que des natures impressionnables peuvent blanchir instantanément sous le coup d’une forte commotion. Mais jusqu’à présent, on n’avait jamais observé les résultats, les suites de la joie, les phénomènes qui pouvaient en découler au point de vue purement physiologique. On savait bien que les uns restaient tout bêtes, et même babas, — sans rhum, — comme l’on dit ; toutefois, l’on ne pensait pas que la joie, comme la peur, pouvait exercer une influence quelconque sur le système pileux, sur le pigment de nos contemporains des deux sexes.

Cependant l’événement suivant vient de se passer, il y a quelques mois, comme je l’ai dit, dans un petit village du Wisconsin, dans la grande république au drapeau étoilé.

Là, vivait tranquillement une vieille femme âgée de 69 ans, avec ses enfants et petits-enfants,