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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/215

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noirs qui me rappelaient toute l’antiquité grecque et romaine de cette superbe race italienne.

Moi aussi je commençais à perdre un peu mon latin et me souvenant à propos de la pièce de Chambertain, au Palais Royal, je pensai qu’il était temps d’interroger le père et la mère très sérieusement.

— Voyons, mes amis, vous avez l’air jeune et solide tous les deux, vous n’avez aucun trouble nerveux ?

— Aucun ; pour sûr ce n’est pas de nous que tient la petite.

— Bon. Vous avez du reste un métier paisible ; le docteur m’a dit que votre épicerie marchait à merveille et que vous n’étiez pas mécontents des affaires.

— Pour sûr, Monsieur, vous savez, on n’est que de petites gens, mais ça n’empêche pas que nous pouvons tout de même encore donner à la petite son trousseau et 10 000 francs de dot, le jour de ses noces. Et c’est d’autant plus beau que nous avons économisé tout cela depuis moins de quinze ans.

— Il y a longtemps que votre fille est ainsi malade ?

— Depuis tantôt cinq ans, depuis âge de sa formation ; jusque-là elle n’avait jamais rien eu.

— C’est vraiment curieux. Et vous n’avez pas toujours été épiciers ?

— Depuis moins de quinze ans. D’abord, dit le père, j’ai fait mon service et puis en sortant du ré-