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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/243

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poudre avec fumée intense pour dérober votre marche aux ennemis et qu’il était fatigué, il s’écria à brèle-pourpoint :

— Mon vieux Groupe, j’ai une idée épatante.

— Ça ne m’étonne pas, sire.

— Oui, mais plus épatante que de coutume.

— Ça m’étonne de moins en moins.

— Tais-toi, voilà de quoi il s’agit.

— J’écoute.

— Tu connais bien le vieux jeu de tonneau, avec la grenouille au milieu, dans la gueule de laquelle il s’agit de lancer les palets ?

— Parfaitement.

— Eh bien, suis bien mon raisonnement.

— Je suis, sire.

— Non tu n’es pas sire, tu n’es que pékin, mais je poursuis. Je prends deux de tes canons qui portent à douze kilomètres, je les place en face l’un de l’autre, soit en plaine, soit même de chaque côté d’une colline, d’une petite montagne, ce qui sera plus difficile et bien plus amusant. Je mets, de chaque côté, des officiers d’artillerie, malins, très forts en calculs, ferrés sur la balistique — ce qui est bien le cas… balistique — et je leur dis :

— Mes enfants, décrivez une belle trajectoire, une parabole, dans le ciel, après avoir pointé et celui qui fera entrer son boulet exactement dans la gueule de l’autre canon placé à 8, 10 ou 12 kilomètres, suivant les nécessités de la résistance et de la portée, pour ne pas faire éclater le canon, recevra un joli cadeau de bibi — bibi c’est moi, l’Empe-