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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/281

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Mais, notre ami Armand Davot nous apporte, dans le Figaro, autre chose qu’une hypothèse. Il nous apporte une affirmation très nette, formulée dans une lettre de l’amiral Réveillère, lequel parle d’après le témoignage formel de l’amiral Lespès.

L’amiral Réveillère écrit :

« … Notre consul à Milo, lors de la découverte de la statue, s’appelait M. Brest (nom dont il m’a toujours été très facile de me souvenir). Il avait à Milo une grande influence, parce que tous les navires qui allaient dans le Levant prenaient un pilote à Milo. C’était lui qui le désignait, et, comme la situation était rémunératrice, M. Brest était à Milo un personnage important. Lors de la découverte du fameux marbre et à l’occasion des négociations assez délicates qui précédèrent sa cession à la France, M. Brest avait fait preuve du zèle le plus actif et le plus intelligent. Aussi son mécontentement fut-il grand lorsqu’il apprit que son nom ne figurait pas sur le piédestal de la statue, à côté de celui de M. de Marcellus.

« M. Brest vivait encore et remplissait toujours les fonctions de consul à Milo, à l’époque de la guerre de Crimée.

« Pendant cette campagne, le navire sur lequel se trouvait l’amiral Lespès relâcha à Milo pour prendre un pilote, selon la coutume, M. Brest s’exprima avec véhémence sur l’injustice commise à son égard et s’écria, dans un accès de colère : "Je sais où sont les bras de la Vénus, mais personne ne les verra jamais !" »