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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/311

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pauvres, pour l’Italie méridionale par exemple, la Basilicate ou les Pouilles…

J’étais vraiment dans l’admiration, lorsque tout à coup mes yeux tombèrent sur un amour de petite seringue baptismale en or, ciselée et autour de laquelle s’enroulaient des grappes de glycines en fleur, le tout en pierres précieuses, en turquoises et, au milieu d’un bouquet de glycines se détachait, en un relief puissant, une couronne fermée, surmontant deux blasons accouplés. Et comme mon œil était devenu interrogateur avant le geste, l’aimable commerçant s’empressa de prévenir ma question :

— Ce joli bimbelot artistique est destiné à la corbeille de mariage de la jeune princesse… — ici un nom trop connu pour que je ne le taise pas — qui se marie dans quelques jours.

J’étais de plus en plus étonné et comme je voyais dans une vitrine dissimulée dans le fond plus obscur du magasin, des dentelles qui me semblaient absolument merveilleuses, je ne pus m’empêcher encore de lui demander à quel usage cela pouvait bien servir et comment il se faisait que je trouvais ce rayon chez un opticien, fabricant d’instruments de précision, il s’écria, triomphant :

— Ah, cher monsieur, ceci est la plus belle idée de ma longue carrière, celle qui m’a, à coup sûr, rapporté le plus d’argent depuis que ces fameuses seringues baptismales sont devenues à la mode, grâce à la constante sollicitude de ces