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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/32

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lanternes pour déjeuner, le domestique passa le premier et, mon ami me faisant signe de la main, je passai le second.

Effectivement, la salle était bien circulaire, le sol plat, usé, sec ; nous la traversâmes en dix secondes et poussâmes tous deux un cri de surprise, de stupéfaction, tués, anéantis, pétrifiés et médusés sur place, comme jamais êtres humains ne durent en pousser depuis le déluge.

Nous ne pouvions en croire nos yeux : un corps pétrifié, couché de tout son long sur une espèce de console naturelle, était là devant nous et quand nous l’eûmes examiné de près, nous ne tardâmes pas à reconnaitre que nous avions devant nous le corps d’une femme de haute stature. Elle avait probablement été surprise là par un orage et pétrifiée sur place.

Deux pas plus loin, gisaient des squelettes de moutons et de chèvres non pétrifiés ; il n’y avait pas de doute, nous nous trouvions en face du corps d’une bergère gauloise et appartenant probablement à la période préhistorique.

— Sauf que l’enveloppe est plus brillante et plus lisse, on se croirait, dis-je, en face des corps que l’on a retrouvés, sous la lave, à Herculanum et dont il y a quelques spécimens si curieux dans le petit musée, à l’entrée de Pompéi.

— Vous avez ma foi raison, répondit mon vieux savant.

Et quand nous fûmes revenus un peu de notre inconcevable surprise, il fit jurer le secret