Aller au contenu

Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/339

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 312 —

qui dirait quasiment de 1855 à 1860, 1865 si vous voulez et vous montrer ainsi comment les modes introduisent peu à peu des masses de mots nouveaux, qui font fureur pendant un temps et peu à peu aussi s’en vont disparaître mélancoliquement dans la hotte de ce terrible chiffonnier qui s’appelle le Temps !

Vieux galons, fleurs fanées,
Débris des folles journées,
À la hotte, à la hotte du chiffonnier !

C’est la vie ! la vie lamentable et triste pour ceux qui ne savent pas vieillir, charmante et tout imprégnée des doux parfums des chères disparues, à la simple évocation d’un mot, d’une étoffe pour qui sait se souvenir et garder pieusement au cœur le culte des amours défuntes !…

Avec ces mots imposés par la mode et disparus peu à peu, avec ces vocables de fanfreluches fanées, complètement oubliés de la contemporaine fashion, comme l’on disait autrefois, on ferait le plus curieux volume du monde, le plus charmant et le plus passionnant aussi, puisque l’on écrirait l’histoire de la femme, l’histoire des vêtements qui ont eu la joie, la volupté et l’honneur de vivre dans son intimité la plus secrète, par conséquent l’histoire de l’humanité tout entière !

Mais je m’arrête car je sens que cette vision et cette ambition tout à la fois me donneraient le vertige et que je ne serais pas de taille à entreprendre une pareille épopée, car décrire les ori-