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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/341

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drames étranges et tout jeune, j’eus l’insigne honneur d’être témoin de plusieurs d’entre eux.

Un beau jour, comme nous revenions, mes parents, ma jeune sœur et moi de notre petite maison de campagne de Verneuil-sur-Seine, une femme superbe, avec une énorme crinoline, était arrêtée à la gare Saint-Lazare, fouillée et palpée par une matrone ad hoc ; on trouva attachés tout autour des cerceaux de la crinoline des bouteilles et des petits bocaux de cerises à l’eau-de-vie !

Elle était soupçonnée depuis longtemps et étant la femme d’un maire d’une des plus jolies villes de Seine-et-Oise, le dit maire était prié le lendemain de donner sa démission, sans préjudice des poursuites intentées contre son épouse.

Une autre fois, dans le Nord, une préfète allait être surprise avec son amant qui, heureusement, n’était qu’un petit gringalet. Elle bondit et, l’olibrius se cacha sous sa crinoline ; M. le Préfet n’y vit que du feu ! On s’amusait bien sous l’Empire !

L’usage du pantalon féminin était moins répandu qu’aujourd’hui et dans les escaliers des musées, des théâtres, partout, Titi et Gavroche, en vrais gamins de Paris, se mettaient toujours aux bons endroits, pour jeter un coup d’œil indiscret sur les dessous crinolinesques, si j’ose m’exprimer ainsi.

Ce qu’il y a d’amusant, c’est que l’œil y était fait, que l’on ne pouvait pas s’en passer et que si une femme s’était avisée de sortir dans la rue, sans