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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/367

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tes affreuses, quand à l’aide d’une corde on leur fit parvenir un pain et un litre à 0,60 centimes du balcon voisin pour les arracher à une mort horrible : la mort par inanition !

Cependant à quatre heures toute cette foule gaie, vivante et grouillante, excitée et tapageuse, comme grisée par sa propre folie et par ses cris, avait jeté tant de confetti que l’on avançait difficilement, les jambes prises dans ces vagues mouvantes et douces de papiers hachés, en en ayant jusqu’au ventre. C’est à ce point qu’à partir de 4 heures ¼ on était déjà dans l’impossibilité de distinguer une femme dans une position intéressante d’une autre, tant les confetti victorieux petit à petit envahissaient tout : c’était comme la marée montante, submergeant tout, sans vague et sans bruit, subrepticement !

Le danger allait éclater bientôt, menaçant sur vingt points différents des boulevards et l’on s’en rendait compte aux narines frémissantes, à la queue fortement agitée des chiens des deux escouades. Surtout ceux du Mont Saint-Bernard paraissaient impatients de vouloir se rendre utiles et M. Porte qui les avait suivis en amateur ne se sentait pas de joie…

Bientôt, boulevard des Italiens, devant l’ancien théâtre Robert Houdin, brûlé récemment, un chien s’élançait et bientôt retirait à demi-asphyxiée de dessous plusieurs mètres de confetti une pauvre femme, du meilleur monde, évanouie.

Les agents la transportèrent en hâte au poste