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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/38

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Le jardinier couchait assez loin dans un petit pavillon et était d’ailleurs sourd comme un pot, la bonne couchait en haut et dormait à poings fermés comme le commandait sa jeunesse. Quant aux deux chiens de chasse, la bonne venait de les envoyer coucher tout seuls dans leur niche, près de la basse-cour, sans les attacher…

Et mon brave ami Onésime Ferbatu dormait toujours tranquillement dans son fauteuil, comme un simple gendarme ou un débonnaire lapin, c’est-à-dire un œil ouvert, son œil de verre ne pouvant jamais se fermer et l’autre seul étant clos.

Comment, de même que dans tous les villages où il y a de mauvais garçons, ainsi que l’on disait autrefois, ces derniers avaient-ils pu savoir le départ de Madame Zoé pour Paris et expédier un malandrin à tous crins pour faire le coup, aller assassiner ce pauvre M. Ferbatu et dévaliser la villa ?

C’est ce que l’instruction, menée par un juge qui cependant n’en manquait pas, n’a jamais bien pu élucider.

Quoi qu’il en soit à l’heure du crime, sur les dix heures du soir — à la campagne l’heure du crime est toujours deux heures plus tôt qu’à Paris — le malandrin en question, c’est-à-dire le cambrioleur aspirant-assassin, passait sans avoir l’air devant la grille de la propriété et comme les chiens étaient venus voir en entendant ses pas, il leur jeta deux gros morceaux de viande empoison-