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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/380

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lade et un jeune stagiaire en profite pour pincer une petite femme qui pousse un cri perçant comme si elle était une compatriote du Schah !

Tumulte, le cocher pleure comme un veau et le président menace de faire évacuer la salle et il ajoute d’un ton sévère :

— Que la salle s’y fie !

Cette fois, le municipal qui a des lettres, s’évanouit.

Le président après avoir entendu l’avocat, demande au cocher ce qu’il a à ajouter pour sa défense ; celui-ci sèche ses larmes et se tournant vers l’avocat de la Compagnie de tramways, dans un geste superbe, l’apostrophe et s’écrie :

— Oh ! la canaille, la propre à rien qui ne peut seulement pas tuer les chevaux des pauvres gens ! Alors à quoi que ça sert vos plots ?

La salle se gondole tellement que le tribunal est très indulgent et comme il avait été question de chant, se souvient à temps de la loi Bérenger, l’immortel chansonnier…

Et comme je descendais tranquillement les marches du palais de justice, derrière deux petites femmes, l’une d’elles disait :

— Allons marcher un peu sur les plots du tramway de la rue Lignaumur, pour voir ; c’est notre chemin.

— Oh non, par exemple.

— Tu as peur ?

— Non, mais je n’aime pas à me laisser ploter !