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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/392

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Je me souviens parfaitement des anciennes barrières qui étaient à la place des boulevards extérieurs et qui ont été démolies en 1860. J’avais neuf ans et il me semble que j’y suis et que j’entends encore une vieille femme de ménage nommée Hélène, qui avait passé sa vie chez de grands médecins, avant de venir à la maison, et qui passait son litre de vin tous les jours, sous ses jupons, pour son homme.

Alors on racontait comment il y avait de vastes et ténébreuses entreprises pour passer le vin en fraude dans Paris par les Catacombes, comment les gabelous avaient des chiens dressés et mille autres balivernes, car tout le monde sait que les dits gabelous n’ont jamais aimé risquer leur peau contre les fraudeurs. Et puis, tout bas, on parlait de grosses maisons établies sur les Catacombes mêmes, sur la rive gauche, et qui naturellement payaient un large tribut aux gabelous, de manière à leur mettre un pain à cacheter sur l’œil et un bœuf sur la langue.

Comme vous le voyez, ça précédait déjà le grand syndicat des pick-pockets s’entendant avec les couturiers, tant il est vrai qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil…

Mais tout ça remonte au commencement de l’Empire et autant demander où sont les neiges d’antan !

Cependant tout se perfectionne et si, depuis longtemps, on a bouché les ouvertures plus ou moins légendaires des fortifications et des Cata-