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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/402

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Il y a des êtres grincheux qui n’aiment pas qu’on leur pose des lapins. Les mireurs d’œufs aux Halles ne laissent pas poser de poussins à la population et, c’est à ce titre, qu’ils méritent vraiment toute notre reconnaissance.

Et quelle habitude, quelle dextérité, quel flair dans l’œil, si j’ose m’exprimer ainsi, pour exercer vite et bien ce métier qui est quelque chose comme les rayons Rœntgen appliqués à la gent des gallinacés en herbe !

Vous avez souvent entendu parler du coup d’œil de l’aigle, de celui du maître, de l’œil américain et même de celui de l’Andalouse, eh bien, tenez pour certain que tous ces coups d’œil réunis ne sont rien à côté de celui des mireurs d’œufs !

Toutes les fois que je me trouve en face d’un mireur d’œufs, je tremble comme la feuille sous son regard. J’ai une peur bleue qu’il ne voie ce que j’ai dans le coco !

S’il allait y découvrir un hanneton !

P.-S. — La corporation des mireurs d’œufs, aux Halles centrales de Paris, n’a pas encore d’école professionnelle !