Aller au contenu

Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/412

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 385 —

ramoneurs, car ils sont devenus compagnons en grandissant et ils servent chez les maçons pour construire les maisons neuves et on les étonnerait bien pour la plupart, si l’on venait leur raconter que leurs ancêtres, les petits ramoneurs d’antan, passaient leur enfance, tout noirs, tout noirs, noirs pierrots de la rue, à ramoner du haut en bas les vieilles, vastes et confortables cheminées des antiques maisons d’autrefois.

Il y a bien toujours des vieilles maisons, mais il n’y en a vraiment pas assez pour alimenter cette poétique et parfois cruelle industrie des petits ramoneurs, car les pauvres enfants étaient souvent fort maltraités par des entrepreneurs sans pitié et sans cœur…

Mais passons et arrivons aux temps présents pour expliquer en cinq secs comment le souvenir de ces pauvres petits ramoneurs vient d’enfanter la fumisterie — c’est bien le cas de le dire — la plus colossale, la plus épique que l’on ait jamais vue et si je ne venais pas d’en lire tous les détails dans les journaux mondains les mieux cotés dans le pays des snobs, je me serais absolument refusé d’y croire.

Cependant nous connaissons tous la maxime : Credo quia absurdum et je pense que c’est bien le moment de la rappeler.

Donc voilà, en deux mots, de quoi il s’agit ; ce sont du moins les journaux de la haute qui nous l’apprennent :

Les élèves d’un Institut ont fondé, il y a envi-