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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/432

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blirent le texte suivant : Suon snoyov al ruot salocin te el éfac X.

Le public, en lisant ce récit agrémenté de force explications scientifiques, était convaincu qu’une révolution dans la science de la cosmographie venait de s’accomplir.

Des gens d’une instruction supérieure se laissèrent même induire en erreur.

Un pasteur, M. Sofus Mueller, qui prêchait à la chapelle Saint-Thomas ne put s’empêcher de parler de la nouvelle découverte, qu’il qualifia de témoignage nouveau de la grâce et de la bonté divines.

Mais arrivé à ce point, le prédicateur fut interrompu par un éclat de rire peu compatible avec le caractère sacré du lieu où il se produisit. Plusieurs lecteurs assidus des journaux du matin avaient étudié de près le fameux texte de la dépêche lunaire, et ils avaient découvert qu’en lisant à l’envers le message venu de la Lune on trouvait ces paroles françaises : « Nous voyons la tour Nicolas et le Café X. »

Naturellement j’ai voulu faire une enquête personnelle sur ce joyeux fumiste et, à ma grande stupéfaction, j’ai appris qu’il s’agissait tout simplement d’un pauvre diable qui avait lu ma nouvelle publiée dans mon premier volume de nouvelles fantastiques : Pour lire en automobile, sur les moyens de communiquer avec la planète Mars.

Depuis cette découverte foudroyante, je suis rongé par les remords !