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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/455

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pirer confiance aux Anglais et aux touristes. Le chineur achète ostensiblement fort cher un objet qui sort de l’usine de son patron et le lendemain il le rapporte au paysan !

Oui il n’y a plus de vrais chineurs et pour cause, mais il y a de ces faux chineurs qui sont de véritables allumeurs et je dis que lorsque l’on pousse si loin la mise en scène et l’art de rouler ses contemporains, la filouterie confine au génie et je ne puis m’empêcher de saluer avec admiration cette petite combinazione, comme diraient les italiens.

Oui, tout cela est génial, admirable et pas très moral et voilà pourquoi il y a de véritables fabriques d’antiquités à travers le monde que le public, en général, ne soupçonne que vaguement.

Et si j’ai tenu, dans ce bouquet des jolis métiers, à en dire un mot, ce n’est pas par esprit de philanthropie et pour crier casse-cou à mes concitoyens. Non, je serai plus franc, c’est dans un sentiment d’orgueil, car je suis vraiment fier d’appartenir à une humanité où il y a encore tant de gens roublards et malins.

Malheureusement des préjugés incoercibles m’empêchent de suivre leur exemple !

Comme c’est gênant la conscience !