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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/479

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Seulement comme la chose est curieuse, singulière, peu connue et qu’elle menace d’engloutir la fortune d’un nombre incalculable d’infortunés pères ou maris, fort marris, la genèse mérite, je crois, d’en être exposée ici fidèlement.

On sait que de tous temps, les Anglais ont été les rois des pickpockets et l’on sait également qu’à Londres ces aimables industriels possèdent depuis longtemps un syndicat des plus florissants et des plus respectés, à telle enseigne que souvent, dans de grands procès de cambrioleurs, les membres de son bureau viennent déposer en justice, avec un sauf-conduit, sur la foi des traités, pour donner leur opinion compétente, faire une expertise, et éclairer la justice : ô mœurs idylliques de la douce et suave Angleterre ! Victoria, un verre de gin à l’as !

Mais je poursuis : depuis longtemps, malgré leur incomparable adresse, soit à plonger la main subrepticement dans la poche, soit à couper la dite suivant les cas, il faut avouer que les infortunés pickpockets avaient un mal de chien à gagner honorablement leur pauvre vie et qu’ils se faisaient pincer plus souvent qu’à leur tour par des policemen facétieux et des détectives dont le flair aurait enfoncé celui de Mercier.

C’est ainsi que l’on ne comptait plus les malheureuses victimes professionnelles sur le champ de courses d’Epsom, par exemple.

Le syndicat commençait à être vraiment très inquiet et bien prêt à s’avouer vaincu par la po-