Aller au contenu

Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 24 —

On prévint M. Defert, commissaire de police de Saint-Ouen, qui, accompagné de son secrétaire, M. Forgeron, et du docteur de Louradour, se rendit aux Malassis.

Par une lucarne, dont la vitre était ternie par la pluie et la poussière, on aperçut dans l’intérieur un corps étendu.

D’un coup d’épaule, la porte fut enfoncée et, malgré l’odeur, on aurait pénétré dans le charnier si le chien, d’un bond terrible et menaçant, ne s’était jeté en avant.

D’un coup de revolver, un agent abattit l’animal. On pénétra dans la cahute.

C’était affreux. Dans une demi-obscurité, on distinguait, étendue sur un grabat sordide, une forme humaine : c’était le père Martin.

Il était sans doute mort de froid et de faim depuis plusieurs jours, car son corps, à peu près dépouillé de ses vêtements et décharné comme un squelette, était en pleine décomposition : en outre, le nez, les joues, les yeux, avaient été mangés par les rats, le bras droit et la main gauche également. Et autour du corps, une dizaine de rats, gisant égorgés, attestaient que le chien, le fidèle compagnon du vieux chiffonnier, avait défendu avec acharnement le corps de son maître contre l’armée de rongeurs qui le déchiquetaient,

Toutes les vieilles filles et les âmes sensibles ont pleuré sur la mort tragique de ce pauvre chien beaucoup plus que sur celle du vieux bif-