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Page:Paul Vibert - Pour lire en bateau-mouche, 1905.djvu/74

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— Non, pas précisément, mais grasse, comme l’on disait au XVIIIe siècle.

— Allez-y toujours et gazez.

— Je vais tâcher. Donc vous connaissez aussi bien que moi les grands rapides de Paris à Marseille ; eh bien il s’est passé, il y a environ six ans, un peu avant d’arriver à Montélimar un phénomène tout à fait étrange qui a duré quatre-vingt-dix jours, c’est-à-dire très exactement trois mois… mais, en vérité, je ne sais si je dois continuer…

— Allez donc.

— Vous savez que tous les grands wagons à couloir renferment un petit cabinet de réflexion, ce que les Anglais appellent des water-closets et vous savez également que par mesure de propreté, d’hygiène et de convenance, les voyageurs sont priés de ne pas s’en servir pendant que les trains sont arrêtés en gare.

— Parfaitement.

— Eh bien figurez-vous… non, mais vous n’allez pas me croire et cependant c’est l’exacte vérité.

— Continuez, fis-je impérativement.

— Donc un jour un peu avant d’arriver à Montélimar les ouvriers et cantonniers de la voie remarquèrent que les voyageurs des express, montant et descendant dans les deux sens — chose admirable — s’étaient… soulagés, entre les rails, formant deux petits tas juste en face l’un de l’autre.