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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/111

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veillance n’est établie dans la petite église de San-Pietro-in-Vincoli.

Le Titien, dit-on, était le peintre de la matière ; son génie réside dans sa main, et ne monte pas plus haut que l’épaule ; ses Madeleines ressemblent à de grosses filles bien portantes, qui ne pleurent pas comme celle du Guerchin. Il est bon de citer un tableau de ce grand maître à l’appui du contraire. Au palais Doria, on pourra voir un Sacrifice d’Abraham d’une expression sublime. L’enfant ne paraît pas soumis et résigné, comme dans les autres tableaux sur le même sujet ; il se débat et résiste au bras de son père ; il crie et tend des mains suppliantes, en se tordant avec tous les signes de l’angoisse et de la terreur. La figure décrépite d’Abraham est animée par un désespoir voisin de l’égarement. Ses yeux brillent d’un feu sinistre. On devine qu’il a déjà trop tardé, que le sacrifice devrait être fait. Dieu a failli attendre ! Il n’y a plus de père. Le bras droit, armé du couteau, va frapper de bas en haut par un geste terrible. On tremble