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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/127

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qui ne lui donnent rien. C’est une chose connue dans le quartier. Regardez les voisins qui font pleuvoir les baïocs.

— Il paraît que le séjour de Rome vous a inoculé les superstitions populaires.

— J’aime mieux payer un faible tribut que de braver la mauvaise influence.

— Vous avez raison. Cela est prudent.

J’aperçus par la fenêtre un vieillard affublé de guenilles fort recherchées. Son chapeau, privé de fond, était orné d’une plume de faisan. À travers sa chemise en lambeaux, on voyait sur sa poitrine un collier de mosaïques. Une ardoise pendait à sa ceinture, à côté d’une fourchette de fer ; c’était sa vaisselle portative. Il avait sur le dos une besace de toile, et une espèce d’épée rouillée lui battait les mollets, attachée par une ficelle rouge en manière de baudrier. Sa barbe, ses traits amaigris et une paire de sourcils longs et retroussés, lui faisaient une figure sauvage et comique digne du crayon de Callot. Il ramassa l’offrande de mon compagnon en souriant d’un air gra-