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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/134

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porter ici, parce que je m’étais endormi dès le premier mot. Le narrateur m’imita, et, quand nous nous éveillâmes, il faisait nuit noire ; l’Angélus était sonné depuis une heure. Les traiteurs ne voulaient plus nous servir ; le dîner en souffrit beaucoup. La villa Borghèse était fermée, et on avait joué la moitié du spectacle quand nous entrâmes au théâtre Valle. Tel fut le résultat de la malédiction du pifferaro.

Une mesure dont je n’ai pas saisi l’importance avait fait changer la Norma de Bellini en Forêt d’Irminsul sans que du reste l’autorité eût rien supprimé ni corrigé dans la pièce. La cantatrice n’était autre que Mlle Olivier, de l’Opéra-Comique parisien. Étonnantes transformations de la vie d’artiste ! Pendant un an, on porte le chapeau de bergère à la salle Favart, on gazouille des ariettes entre deux pavillons ornés de pots de fleurs, et on épouse un jeune officier à la dernière scène. L’année suivante, on est à Rome, coiffée de feuilles de chêne ; on lève le poignard tragique sur des