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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/161

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champs ressemblent à un jardin. Les fleurs des grenadiers forment des groupes éclatants qui donnent une haute idée des richesses de la nature toscane. Les haies sont des guirlandes, les buissons des bouquets, et pour peu que l’on rencontre de ces figures populaires qui, avec leurs traits accentués, semblent échappées d’un vase étrusque, l’homme du Nord se croit transporté dans un monde de raretés et d’objets de luxe vivants. Cette introduction sied parfaitement au joli nom de Florence, et on s’attend à ne recevoir que des sensations gaies dans la ville des fleurs. L’illusion dure jusqu’au passage de la porte Romana, d’où on aperçoit des jardins et des collines vertes ; mais, une fois arrivé au Pont-Vieux, vous êtes frappé de l’aspect sombre et rébarbatif de Florence ; toute la mauvaise humeur, la sévérité, la raideur et l’égoïsme orgueilleux du moyen âge sont incrustés sur les façades noires des palais. Les poternes, avec leur guichet défiant, vous montrent d’énormes ferrements inhospitaliers. Les fenêtres ont l’air de cacher derrière