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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/170

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dans leur verre, à Florence le remplissent jusqu’au bord de vin de Champagne. Combien d’Anglaises revêches, qui à Londres ne daigneraient pas parler à leur voisin avant la cérémonie ridicule de la présentation, prennent en Italie le bras de leur danseur pour aller chuchoter loin de l’orchestre dans l’endroit sombre du jardin ! Il n’y a pas grand mal à cela ; mais j’ai vu d’autres effets de l’abandon causé par le voyage, et je prétends les définir au moyen d’une superbe comparaison.

À la bataille de Lutzen, il se passa, dit-on, d’étranges choses. Des conscrits effacèrent en valeur et en présence d’esprit les soldats de Marengo et d’Aboukir. De pauvres recrues, montées sur des chevaux de charrettes, écrasèrent les régiments ennemis. Des enfants de seize ans demeurèrent à leur poste, inébranlables comme de vieux centurions. La France épuisée n’avait pu donner à Napoléon que des instruments faibles, mais il sut les manier admirablement. La bataille de Waterloo présente des phénomènes encore plus bizarres. On vit des