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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/22

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deux peuples pourraient se convenir et s’aimer, ils se détestent de tout leur cœur ; et comme ils ne tiennent compte tous deux que des sympathies et antipathies, il n’y a pas de raisonnement à leur faire. On ne voit guère un Sicilien et un Napolitain se donner la main. En allant à Messine, nous étions avec quatre habitants de Catane qui n’ouvrirent pas la bouche, parce que le courrier était napolitain ; ils se bornèrent à causer par les regards, les signes et les jeux de physionomie ; c’est un mode de converser qu’ils poussent à un degré de perfection qu’on ne peut bien apprécier si on ne les prie de traduire avec la parole tout ce qu’ils ont échangé ainsi. Jamais il n’y eut de gens mieux organisés pour la conspiration. L’œil le plus sagace ne saurait pénétrer jusqu’à la pensée qu’ils veulent tenir secrète. Malgré cette dissimulation profonde, ils sont ouverts, francs et gracieux pour les personnes qu’ils aiment, et surtout pour les étrangers, dont ils n’ont aucune raison de se défier. Ils disent leurs espérances, leurs projets, leurs