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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/232

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dans ces églises si remplies de détours et de cachettes que le romanesque s’y introduit à côté de la dévotion. M. V… devint tout à coup mystérieux comme un membre de l’ancien sénat ; il m’abandonnait la jouissance de notre gondole, cet équivalent peu dispendieux du carrosse de louage ; il me prenait pour secrétaire afin d’écrire en italien de petits billets d’un laconisme tout à fait boréal ; il dormait le jour et marchait la nuit, au risque de passer sur le pont sans parapet où l’avocat Sarpi fut assassiné. Il ne m’accordait plus l’honneur de sa compagnie que le soir, à l’heure du fresco, et pour aller au Lido ou chez les bons moines arméniens, qui nous régalaient de raisin et de confitures en nous parlant de leur ancien ami lord Byron. Je devinai que M. V… se lançait dans quelque aventure qui eût peut-être été vulgaire en terre ferme, mais dont la lagune, les escaliers dérobés qui descendent dans l’eau, l’architecture byzantine, et les vieux lambris des siècles passés, faisaient une page poétique dans son voyage en Italie. Comme je ne crai-