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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/243

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après elle se brouilla tout à fait avec son confesseur, qui voulut l’excommunier. Un avocat qui prit sa défense contre le confesseur fut assassiné un soir en rentrant chez lui et jeté dans la lagune ; un seigneur français devint l’arbitre de ces différends et rétablit la concorde.

Anzelina rencontrait souvent sur son chemin un diable de Turc qui l’insultait, la volait ou lui jouait une foule de mauvais tours. Il y avait aussi à Venise un brave militaire appelé Tardif, quoiqu’il fût, au contraire, l’homme le plus prompt et le plus expéditif du monde. Le soldat battit trois ou quatre fois le Turc, et il fut mal récompensé de sa galanterie et de son dévouement. L’ingrate fille tourmenta son défenseur jusqu’au jour où elle eut encore besoin de ses secours. À la fin, elle l’aima, par une fantaisie de Vénitienne, au moment où il était perclus d’infirmités et de blessures. Lorsque le brave Tardif eut rendu l’âme, Anzelina tomba dans les mains de gens paresseux, sans courage et sans dignité, qui l’habituèrent à